Impact de la monétique sur l’inclusion financière
- finabinvest
- 5 nov. 2020
- 4 min de lecture
L’inclusion financière est l’ensemble des dispositifs mis en place pour lutter contre l’exclusion bancaire et financière subie ou « volontaire » d’une frange de la société. Selon une étude de la Banque Mondiale datant de 2017, plus de 1,74 milliards d’adultes n’ont pas de compte bancaire, soit 31% la population adulte mondiale.
La vulgarisation de l’utilisation de la monétique réduira le volume des règlements en espèce qui restent prédominant dans de nombreuses régions du monde, notamment pour les transactions de faibles montants. Les paiements électroniques devraient représenter près de 726 milliards de transactions dans le monde en 2020, le chiffre a quadruplé en Europe ces dernières années. Les pays scandinaves viennent en tête des pays les plus « cash less » dans le monde. Ces pays se caractérisent par un fort taux de bancarisation et d’équipements en moyens de paiements. Le Covid-19 a eu un effet manifeste sur les habitudes des consommateurs en matière de paiements : plusieurs commerces ont favorisé le paiement par carte et particulièrement via le nouveau dispositif sans contact qui a connu, en France par exemple, le relèvement de son plafond de 30 à 50 euros par journée.
La monétique occupe désormais une place prépondérante dans le monde des paiements, son processus de traitement évolue constamment et intègre des technologies de pointe de plus en plus innovante.

En 2019, le nombre de cartes en circulation en France s’élevait à 85,1 millions de cartes de type « interbancaire » (CB, MasterCard, Visa, etc..) selon le rapport annuel de l’Observatoire de la Sécurité des Moyens de Paiement. Ce nombre correspond à 1,2 cartes par habitant et représente plus de 14 Milliards de transactions (+10% par rapport à 2018) pour un montant total de 599 milliards d’Euros (+6%).
Le montant moyen était de 41 euros par transaction dont le paiement sans contact a représenté plus de 4 milliards de transaction (+59%) et 43 Milliards d’euros en montant (+70%). A noter aussi un recul de -3% en nombres de transactions sur le retrait par carte en 2019.
En comparaison pour la même année 2019, l’Afrique a un faible taux de bancarisation des populations de 18,03%.
Selon la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest BCEAO, privilégie encore l’utilisation du cash pour les transactions usuelles.
Ces chiffres n’ont rien d’étonnant car le niveau de bancarisation est relativement proportionnel au niveau de développement d’un pays.
L’un des facteurs favorisant l’adoption de la monétique est la démocratisation à la téléphonie mobile à faible coût. En effet, au travers des réseaux télécoms modernes et rapides et via les terminaux intelligents (smartphones), l’accès à certains services financiers proposé par les établissements financiers et opérateurs téléphoniques se fait directement par le biais de solutions mobiles. C’est ainsi que la BAD ambitionne de développer l’inclusion financière en recourant aux solutions électroniques pour les communautés à faibles revenus ou résidantes dans des villages éloignés des grandes villes et centre urbains, surmontant de ce fait les contraintes de gestion et de retour sur investissement que connaitraient des banques classiques au travers leurs business model d’agences. Le but affiché de la BAD est de permettre à quelques 332 Millions d’africains de sortir de la sphère informelle et d’effectuer des transactions réglementées.
Ainsi au sens de la banque mondiale, l’inclusion financière « Définit la possibilité pour les individus et les entreprises d’accéder à moindre coût à toute une gamme de produits et de services financiers utiles et adaptés à leurs besoins (transactions, paiements, épargne, crédit et assurance) proposés par des prestataires fiables et responsables ». L'inclusion financière est mesurée aussi par la disponibilité en termes d’offre des services financiers et par leurs utilisations en termes de demande, ainsi que par la qualité de ces services.

En Algérie plus de 5,7 Millions de cartes « EDAHABIA » du Réseau Algérie Poste et 1,5 Millions de cartes interbancaire bancaires « CIB » sont en circulation, une interopérabilité entre les deux réseaux a eu lieux le 05 janvier 2020 permettant aux usagers des deux types de carte l’utilisation des DAB\GAB\TPE des deux réseaux respectifs, pour atteindre rien qu’en retraits pour le mois d’Aout 2020, 4,5 Millions d’opérations pour un montant de 84 Milliard de DA, et 64 031 transactions de paiements sur TPE pour montant total de 439 Millions de DA pour le même mois.
Le réseau Algérie poste avec ces 22 Millions de comptes en 2019 a connu une progression de 5% soit environ plus de 1,2 Millions de nouveaux comptes et a traité à lui seul pour les quatre premiers mois de 2020 plus de 619.134 opérations, représentant 85% du nombre total des opérations réalisées selon communiqué des MPTIC.
2016 était l’année du lancement du paiement internet par carte CIB, initialement ouvert pour les grands facturiers, aujourd’hui on compte selon le GIE Monétique 53 WEB marchands avec 2,9 millions de transactions sur Internet.

La Monétique permet en Algérie, dont la majorité de la population est jeune et avide de nouvelles technologies, d’accéder à des modes de paiements modernes et par ricochet favoriser l’inclusion financière. Une série de mesures comme la gratuite de la carte et des frais liés au paiement avec celle-ci ont été adoptées. Aussi, l’obligation pour tous les commerçants d’installer des TPE avant la fin de l’année 2020 pour encourager l’utilisation de la carte comme moyen de paiement vont dans le sens d »’une volonté manifeste d’encourager la monétique.

Selon FINABI, il faudrait aller plus loin en travaillant sur le fait de :
- Rassurer les potentiels usagers de la monétique quant à la sécurité financière des transactions et des fonds engagés ;
- Initier aux notions financières et à la culture bancaire dans le cadre des programmes scolaires, et dans les parcours d’intégrations mis en place lors des recrutements,
- Intégration des bénéfices de la monétique dans les brochures d’informations remise aux prospects en accompagnement à l’ouverture de compte, ou à la demande de prêts...
- Axer également les efforts de communication sur la monétique au travers des réseaux sociaux ;
- Stimuler les services financiers via téléphonie mobile (M-Paiement) en s’appuyant sur le grand nombre d’abonnés en Algérie (plus de 50 Millions) ;
- Améliorer le cadre réglementaire afin de favoriser l’éclosion de Fintech ;
- Privilégier l’interface électronique et l’accès à distance sur les portails bancaires.
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